Les échoués / Pascal Manoukian
Le 31
Août
2017
par Isabelle
Grand reporter et ancien directeur de lagence Capa, Pascal Manoukian pose ici un regard particulier sur limmigration et il sait de quoi il parle !
1992, Lampedusa est une île inconnue, pourtant des hommes sy échouent déjà après avoir quitté leur terre natale au péril de leur vie afin de fuir la misère et/ou la guerre. Il y a Virgil le Moldave venu avec lespoir doffrir une vie meilleure à sa femme et ses enfants, Chanchal le Bangladais missionné pour réussir en Europe et envoyer de largent à sa famille privée de tout, et Assan le Somalien parti avec sa fille quil veut arracher à la guerre civile et à sa condition de femme somalienne.
Voici donc le destin de ces 4 personnages, leur voyage terrifiant et plein despoir vers la France, le calvaire de la clandestinité, la souffrance et lhumiliation. Ces hommes vont se croiser, sépauler et vont ainsi retrouver un peu de leur humanité perdue.
Ouvriers dans le bâtiment, ils vont construire nos immeubles pour un salaire de misère, se nourrir de ce quils trouvent dans nos poubelles et dormir entassés dans les squats à peine abrités. Ils vont vivre cachés de la police et des nouvelles mafias roumaines, turques ou chinoises qui imposent leurs lois.
Sous la plume de lauteur, ces hommes ne sont ni des statistiques, ni des chiffres, mais des êtres humains avec leurs histoires, leurs drames, leurs sentiments. Mais le plus effrayant dans ce roman cest quau milieu de toute cette détresse quaucun dentre nous ne tolérerait pour son propre chien, on constate à quel point ils sont oubliés et méprisés par une population qui, bien que vivant dans lopulence, les méprise et les rejette.
Cest parfois insoutenable, mais si ça pouvait nous aider à garder les yeux ouverts
« Les Libyens ouvraient et fermaient le robinet des migrants au gré de leurs humeurs et de leurs intérêts. Quand il avait besoin d'esclaves pour bâtir ses chantiers pharaoniques ( ), le colonel Kadhafi bloquait sa frontière et laissait s'entasser des milliers de déracinés prêts à tout pour survivre en attendant de traverser la Méditerranée.
Puis il suffisait d'une protestation internationale contre la toute-puissance de son pouvoir pour qu'il inflige aux Européens une douche froide en laissant à nouveau la misère du monde se déverser sur les côtes italiennes.
Alors l'Europe marmonnait quelques excuses et le général remettait sa casquette de gendarme. Les plages de Lampedusa retrouvaient l'odeur des crèmes solaires et le calme des voyages organisés. »
« Ces derniers temps, Virgil ne croyait en personne si ce n'est en lui-même. Il devait 5 000 dollars, vivait terré comme un renard, perdait son temps avec deux réfugiés somaliens au lieu de mendier du travail et ne voyait pas par quel miracle il allait en trouver avant que son créancier ne vende sa femme dans un bordel du Tadjikistan et ses enfants à un hôpital chinois. »
1992, Lampedusa est une île inconnue, pourtant des hommes sy échouent déjà après avoir quitté leur terre natale au péril de leur vie afin de fuir la misère et/ou la guerre. Il y a Virgil le Moldave venu avec lespoir doffrir une vie meilleure à sa femme et ses enfants, Chanchal le Bangladais missionné pour réussir en Europe et envoyer de largent à sa famille privée de tout, et Assan le Somalien parti avec sa fille quil veut arracher à la guerre civile et à sa condition de femme somalienne.
Voici donc le destin de ces 4 personnages, leur voyage terrifiant et plein despoir vers la France, le calvaire de la clandestinité, la souffrance et lhumiliation. Ces hommes vont se croiser, sépauler et vont ainsi retrouver un peu de leur humanité perdue.
Ouvriers dans le bâtiment, ils vont construire nos immeubles pour un salaire de misère, se nourrir de ce quils trouvent dans nos poubelles et dormir entassés dans les squats à peine abrités. Ils vont vivre cachés de la police et des nouvelles mafias roumaines, turques ou chinoises qui imposent leurs lois.
Sous la plume de lauteur, ces hommes ne sont ni des statistiques, ni des chiffres, mais des êtres humains avec leurs histoires, leurs drames, leurs sentiments. Mais le plus effrayant dans ce roman cest quau milieu de toute cette détresse quaucun dentre nous ne tolérerait pour son propre chien, on constate à quel point ils sont oubliés et méprisés par une population qui, bien que vivant dans lopulence, les méprise et les rejette.
Cest parfois insoutenable, mais si ça pouvait nous aider à garder les yeux ouverts
« Les Libyens ouvraient et fermaient le robinet des migrants au gré de leurs humeurs et de leurs intérêts. Quand il avait besoin d'esclaves pour bâtir ses chantiers pharaoniques ( ), le colonel Kadhafi bloquait sa frontière et laissait s'entasser des milliers de déracinés prêts à tout pour survivre en attendant de traverser la Méditerranée.
Puis il suffisait d'une protestation internationale contre la toute-puissance de son pouvoir pour qu'il inflige aux Européens une douche froide en laissant à nouveau la misère du monde se déverser sur les côtes italiennes.
Alors l'Europe marmonnait quelques excuses et le général remettait sa casquette de gendarme. Les plages de Lampedusa retrouvaient l'odeur des crèmes solaires et le calme des voyages organisés. »
« Ces derniers temps, Virgil ne croyait en personne si ce n'est en lui-même. Il devait 5 000 dollars, vivait terré comme un renard, perdait son temps avec deux réfugiés somaliens au lieu de mendier du travail et ne voyait pas par quel miracle il allait en trouver avant que son créancier ne vende sa femme dans un bordel du Tadjikistan et ses enfants à un hôpital chinois. »