Leurs enfants après eux / Nicolas Mathieu
Le 07
Janvier
2019
par Isabelle
Heillange, ville de lest de la France, blottie aux pieds de hauts-fourneaux. Hauts-fourneaux qui après avoir nourri plusieurs générations de familles douvriers se sont définitivement éteints, laissant une cicatrice indélébile dans le paysage et une ville peuplée dhommes sans espoir et brisés par le chômage.
Anthony, 14 ans en 1992, vit là et le roman va le suivre durant 4 étés. Il est lunique enfant dune famille broyée par le licenciement du père.
Autour dAnthony, petit blanc borderline, il y a Hacine, le rebeu de la cité, dealer de shit, qui avec ladolescence deviendra son pire ennemi, il y a Steph son amour qui ne cessera de lui échapper, il y a le cousin, Clémence et les autres, les familles aussi... Tous rêvent de foutre le camp mais semblent attirés vers le fond par lalcool, la crasse et la résignation sociale si bien amorcée par leurs parents.
Nicolas Mathieu va se servir dun vol de moto pour cristalliser ce que vont devenir les 4 années dadolescence du jeune homme et des autres.
Voici un livre qui ne ressemble pas à un prix Goncourt et pourtant cest bien lui qui a décroché le Graal cette année. Cest avant tout un roman politique que Nicolas Mathieu a écrit. Il est en colère, et sa colère contre ce libéralisme tueur fait du bien. La trame est sombre mais le roman est bourré dénergie, celle des adolescents qui le composent ; celle du soleil qui inonde leurs journées ; celle des désirs sexuels qui prennent beaucoup de place ; celle du bruit qui accompagne le roman, bruits de pétarade de moto ou de musique écoutée à fond ; et enfin celle des projets auxquels tous croient malgré le poids de toute cette violence sociale dans laquelle ils ont grandi.
Quatre étés pendant lesquels ces ados grandissent, murissent, où la vie dHeillange se mêle à celle de la nation toute entière jusquau rassemblement ultime autour de la finale de la coupe du monde de football alors que le fameux black-blanc-beur est tellement porteur despoir.
« Chez eux, on était licencié, divorcé, cocu ou cancéreux. On était normal en somme, et tout ce qui existait en dehors passait pour relativement inadmissible. Les familles poussaient comme ça, sur de grandes dalles de colère, des souterrains de peines agglomérées qui, sous l'effet du Pastis, pouvaient remonter d'un seul coup en plein banquet. Anthony, de plus en plus, s'imaginait supérieur. Il rêvait de foutre le camp. »
« Chez les hommes de sa génération, les rapports avec le monde extérieur passaient par les femmes. Ces mecs-là pouvaient couler une dalle ou faire deux mille bornes en bagnole sans dormir, mais il leur était presque physiquement impossible de lancer une invitation à dîner. »
Anthony, 14 ans en 1992, vit là et le roman va le suivre durant 4 étés. Il est lunique enfant dune famille broyée par le licenciement du père.
Autour dAnthony, petit blanc borderline, il y a Hacine, le rebeu de la cité, dealer de shit, qui avec ladolescence deviendra son pire ennemi, il y a Steph son amour qui ne cessera de lui échapper, il y a le cousin, Clémence et les autres, les familles aussi... Tous rêvent de foutre le camp mais semblent attirés vers le fond par lalcool, la crasse et la résignation sociale si bien amorcée par leurs parents.
Nicolas Mathieu va se servir dun vol de moto pour cristalliser ce que vont devenir les 4 années dadolescence du jeune homme et des autres.
Voici un livre qui ne ressemble pas à un prix Goncourt et pourtant cest bien lui qui a décroché le Graal cette année. Cest avant tout un roman politique que Nicolas Mathieu a écrit. Il est en colère, et sa colère contre ce libéralisme tueur fait du bien. La trame est sombre mais le roman est bourré dénergie, celle des adolescents qui le composent ; celle du soleil qui inonde leurs journées ; celle des désirs sexuels qui prennent beaucoup de place ; celle du bruit qui accompagne le roman, bruits de pétarade de moto ou de musique écoutée à fond ; et enfin celle des projets auxquels tous croient malgré le poids de toute cette violence sociale dans laquelle ils ont grandi.
Quatre étés pendant lesquels ces ados grandissent, murissent, où la vie dHeillange se mêle à celle de la nation toute entière jusquau rassemblement ultime autour de la finale de la coupe du monde de football alors que le fameux black-blanc-beur est tellement porteur despoir.
« Chez eux, on était licencié, divorcé, cocu ou cancéreux. On était normal en somme, et tout ce qui existait en dehors passait pour relativement inadmissible. Les familles poussaient comme ça, sur de grandes dalles de colère, des souterrains de peines agglomérées qui, sous l'effet du Pastis, pouvaient remonter d'un seul coup en plein banquet. Anthony, de plus en plus, s'imaginait supérieur. Il rêvait de foutre le camp. »
« Chez les hommes de sa génération, les rapports avec le monde extérieur passaient par les femmes. Ces mecs-là pouvaient couler une dalle ou faire deux mille bornes en bagnole sans dormir, mais il leur était presque physiquement impossible de lancer une invitation à dîner. »